2 MAI / 10 OCTOBRE 2024
MAY 2ND / OCTOBER 10TH 2024

NOTE D'INTENTION / STATEMENT OF INTENT

Chasse-Spleen expose huit œuvres de néons et une sur papier de Dan Flavin et nous restons fidèles à ce qui est un peu la pâte du lieu, c’est-à-dire à ce parti pris qui n’en est pas un, plutôt une intuition qu’en ce lieu, ne conviendrait pas un abord curatorial et scientifique de l’histoire de l’art, mais davantage une perspec-tive plus humorale, à savoir l’arbitraire d’une rencontre, d’une envie, voire d’une pulsion. En l’occurrence, l’histoire de cette prochaine exposition est celle d’un ami collectionneur, très intéressé par les œuvres mêlant, lumière, sensation, espace, venu voir l’exposition de Michel Verjux de 2023, et qui déclare que Flavin serait très à son avantage dans cet environnement. Il avait déjà bien aimé celle sur François Morellet, toute sauf déclarative, dans cet endroit qui de toute façon ne s’y serait pas prêté. Aussitôt pensé, aussitôt fait, aussi simple que cela. Il nous choisit quelques pièces de sa collection. Rien à redire. Elles s’imposent facilement dans la suite de salons aux murs blancs qui forment l’espace d’exposition de Chasse-Spleen. On quitte le jardin et son bassin bruissant, pour les salons ca-banés alors que la lumière du jour force les interstices des volets. On traverse une succession de pénombres colorées par les néons assemblés de Dan Flavin. On s’y baigne. On est surpris par l’influence de telle ou telle couleur sur telle ou telle autre par les faisceaux qui s’échappent d’une pièce à l’autre. Comme des huiles mélangées sur une palette. Surpris aussi, sous l’effet physico-chimique de ces bains de lumières, d’être tout à coup gagnés par une certaine eu-phorie. Notre collection l’atteste, la couleur a sur nous un effet bien-faisant et quand les fleurs des champs du printemps s’absentent, il faut bien trouver une solution. Puis, nous traversons le jardin d’hiver sous les volubilis et retrou-vons le jardin et Largo, le dalmatien cajoleur. La très grande pièce Untitled (to Sonja), 1969 trouve naturellement sa place dans le plus grand des salons. Les deux Monument for V. Tatlin, 1968, posés au sol, passent tout juste dans la salle suivante. Portant des noms de femmes, d’ami.e.s, d’artistes remarquables In memory of Sandy Calder, 1977, For Federica and Ian, 1987, In memory of Josef Albers 1 et 2, 1977, les autres pièces colorées, s’accrochent aux murs des deux autres pièces, se laissant anticiper par leurs halos chatoyants.

Jean-Pierre Foubet & Céline Villars-Foubet, mai 2024

Chasse-Spleen is exhibiting eight neon works and one on paper by Dan Flavin, and we are remaining faithful to what is to some extent the ethos of the place, that is to say to this bias which is not a bias, but rather an intuition that in this place, a curatorial and scientific approach to History of art would not be appropriate, but rather a more humorous perspective, namely the arbitrariness of an encounter, a desire or even an impulse”. In this case, the story of this forthcoming exhibition is that of a col-lector friend, very interested in works that combine light, sensa-tion and space, who came to see Michel Verjux’s 2023 exhibition, and declared that Flavin would be at his best in this environment. He had already enjoyed the François Morellet exhibition, which was anything but declarative, in a place that would not have lent itself to it anyway. No sooner thought of than done, as simple as that. He chose a few pieces from his collection. Nothing to complain about. They stand out easily in the suite of white-walled salons that make up the Chasse-Spleen exhibition space. We leave the garden and its rustling pond for the hutted rooms, where daylight streams through the gaps in the shutters. We cross a succession of shadows coloured by the neon lights assembled by Dan Flavin. You bathe in it. You are surprised by the influence of one colour on another, as beams of light escape from one room to another. Like oil paints mixed on a palette. Surprised, too, under the physico-chemical effect of these baths of light, to be sudden-ly overcome by a certain euphoria. As our collection shows, co-lour has a beneficial effect on us, and when the spring flowers are gone, we have to find a solution. Then we cross the winter garden under the clematis and return to the garden and Largo, the cuddly Dalmatian. The very large piece Untitled (to Sonja), 1969) naturally finds its place in the largest of the salons. The two “Monuments” for V. Tatlin, 1968, on the floor, barely make it into the next room. Bearing the names of women, friends and remarkable artists In memory of Sandy Calder, 1977, For Federica and Ian, 1987, In memory of Josef Albers 1 and 2, 1977, the other colourful pieces hang on the walls of the following two rooms, their shimmering halos anticipated by the visitors.

Jean-Pierre Foubet & Céline Villars-Foubet, May 2024




œuvres exposées / exposed works

Untitled (to Anne)
1987

Biographie / Biography

Dan FLAVIN Figure majeure de l’Art Minimal, Dan Flavin (1933 - 1996) a été élevé dans la religion catholique et s’engage d’abord dans une formation de séminariste. Mais en 1952, il commence à s’intéres-ser à l’art et renonce à la prêtrise pour suivre un enseignement artistique. Après avoir développé des peintures sur bois de pe-tites dimensions, marquées par une forte résonance tragique, il réalise en 1961 une série de peintures monochromes, encadrées d’ampoules électriques et appelées « Icônes ». En 1963, il ac-croche en diagonale sur un mur de son atelier un tube de lumière fluorescente jaune et dédie cette œuvre à Constantin Brancusi. Il inaugure ainsi son emploi exclusif de structures fluorescentes pour explorer la lumière, la couleur et l’espace. Il compose ainsi des œuvres basées sur une production sérielle, réduites à de simples lignes verticales, horizontales ou diago-nales, disposées au mur, dans un coin ou au sol, constituées de néons de couleurs standards (rouge, bleu, vert, rose, jaune, ultraviolet et quatre blancs différents) et des quatre dimensions proposées dans le commerce. Ces assemblages sont générale-ment dédicacés à des artistes, des philosophes, des amis, mais aussi des événements historiques ou politiques. Sa série la plus célèbre Monuments à Tatline 1964-1982 se réfère au projet du Monument à la IIIe Internationale commandé par Lénine en 1920 à Vladimir Tatline, qui n’a jamais vu le jour. Dan Flavin considère la lumière fluorescente comme un ma-tériau autonome et l’utilise de la même manière qu’un artiste peut se servir de la toile ou de n’importe quel autre support. Pour lui, sa qualité primordiale consiste à mettre en scène diffé-remment l’espace. Selon ses propres termes, l’artiste ne présente ni des sculptures, ni des environnements. Il souhaite davantage créer des « situations » qui, en échappant à toute nomination, s’adressent énigmatiquement au regard. Le Centre d’Art persiste et signe. Après François Morellet et Michel Verjux, cette année il y a encore de la lumière à Chasse-Spleen. Cette exposition présente des œuvres de Dan Flavin, issues de différentes séries, de 1968 à 1987, et elle se déploie entre les hommages à Josef Albers et Alexander « Sandy » Calder, les Monuments à Tatline, et des dédicaces à Sonja, sa pre-mière épouse, ainsi qu’à des amis. Couleurs chaudes et couleurs froides, répétions et variations, combinaisons et permutations, cet ensemble conséquent invite à une appréhension sensible de l’espace, une sorte de prise poétique de ses caractéristiques concrètes, et une nouvelle manière d’y circuler. Cette invitation repose sur une investigation de toute l’éten-due des propositions formelles et conceptuelles, superficielles et profondes de la lumière fluorescente. Une interrogation constante enveloppe le visiteur et diffuse autour de lui une ambiance baignée d’incertitude et d’étrangeté qui l’amène à glisser du déterminé à l’indéterminé, de la possession immédiate à une dispersion pleine de ressources.

Didier Arnaudet


Dan FLAVIN A major figure in Minimalist art, Dan Flavin (1933 - 1996) was brought up Catholic and initially trained as a seminarian. But in 1952, he began to take an interest in art and gave up the priesthood to follow an art course. After developing small-scale paintings on wood, marked by a strong tragic resonance, in 1961 he produced a series of monochrome paintings, framed with light bulbs and called “Icons”. In 1963, he hung a tube of yellow fluorescent light diagonally across a wall in his studio, dedica-ting the work to Constantin Brancusi. This marked the begin-ning of his exclusive use of fluorescent structures to explore light, colour and space. His works are based on serial production, reduced to simple vertical, horizontal or diagonal lines, placed on the wall, in a corner or on the floor, and made up of neon lights in standard colours (red, blue, green, pink, yellow, ultraviolet and four diffe-rent whites) and the four dimensions available on the market. These assemblages are generally dedicated to artists, philo-sophers and friends, but also to historical or political events. His most famous series, Monuments for Tatlin, 1964-1982, refers to the Monument to the Third International commissioned by Lenin in 1920 from Vladimir Tatlin, which never saw the light of day. Dan Flavin sees fluorescent light as an autonomous material and uses it in the same way as an artist might use canvas or any other medium. For him, its essential quality is to stage space differently. In his own words, the artist is not presenting sculp-tures or environments. He is more interested in creating ‘situa-tions’ which, by escaping all nomination, speak enigmatically to the eye. The Art Centre persists. Following in the footsteps of François Morellet and Michel Verjux, there’s still light at Chasse-Spleen this year. This exhibition features works by Dan Flavin from different series, from 1968 to 1987, and is divided between tri-butes to Josef Albers and Alexander ‘Sandy’ Calder, Monuments for Tatlin, and dedications to Sonja, his first wife, and friends. With warm and cold colours, repetitions and variations, combi-nations and permutations, this substantial body of work invites a sensitive apprehension of space, a kind of poetic grasp of its concrete characteristics, and a new way of moving through it. This invitation is based on an investigation of the full range of formal and conceptual, superficial and profound propositions of fluorescent light. A constant questioning envelops the visitor and diffuses around him an atmosphere bathed in uncertainty and strangeness, leading him to slide from the determined to the indeterminate, from immediate possession to a resourceful dispersion.

Didier Arnaudet