4 MAI / 1er OCTOBRE
MAY 4th / OCTOBER 1ST

NOTE D'INTENTION / STATEMENT OF INTENT

Michel Verjux a le sens de la mesure. Il s’oppose à toute emphase pour s’en tenir à la simplicité de l’essentiel. Cette sobriété ne prétend pas au resserrement, à un cadre ossifié. Elle gagne en profondeur, en ramification et en intensification ce qu’elle abandonne en étalage, en démonstration et en volubilité. Par sa capacité à rapprocher dénuement et disponibilité, sa pratique de l’éclairage récuse toute plénitude stérilisante, tout statut péremptoire, toute affirmation définitive, mais, au contraire, se manifeste comme une possibilité d’appel et d’accueil, d’attention et de résonance. Elle engage dans une quête de présence et un processus de rencontre, avec la retenue qui la pénètre et l’ouverture qu’elle implique. Ainsi, sa vertu dialogique s’avère majeure. L’exposition se situe bien au cœur de cette tension féconde et fondatrice, entre le visible et l’invisible, le fini et l’infini, le naturel et l’artificiel, où s’aiguisent et se mettent en jeu toutes les potentialités du lieu, dans ses divers registres matériels, les parenthèses de ses niveaux fonctionnels et les méandres de la saveur de son impératif poétique. Il est indéniable que la source où Michel Verjux puise la matière première à laquelle il se confronte, avec une extrême inventivité de la répétition, est avant tout l’espace. Il va ainsi vers l’autre, l’amène à s’inscrire dans l’expérience d’un contexte, à franchir des seuils, à découvrir des circulations, à éprouver la variété des accords et des polarités et à se saisir d’une palette sensorielle. Il suscite le désir d’aller voir là où tout commence et cherche ainsi à instaurer la chance d’un face à face. L’œuvre procède par une série d’éveils successifs, entre lesquels il peut y avoir des interrogations. Tout ne s’enchaîne pas mais apparaît dans l’addition des investigations et des révélations. L’unité dépend de ce mouvement qui dénoue, assemble et fortifie de manière très libre des contacts distincts qui s’établissent avec l’espace et dans une durée. Que cette œuvre fasse à ce point signe vers la reconnaissance et l’échange, qu’elle soit ainsi résolument dans la proximité d’un lien avec ce qui l’entoure, dans la transparence vivante d’une lumière partagée, voilà qui lui confère peut-être une valeur exemplaire, et en tout cas une émotion, un pouvoir de vibration qui se tend pour mieux se déplier.

Didier Arnaudet

Michel Verjux has a sense of measure. He is opposed to all emphases and sticks to the simplicity of the essential. This sobriety does not pretend to be narrow, to have an ossified frame. It gains in depth, ramification and intensification what it gives up in display, demonstration and volubility. By its capacity to bring together denudation and availability, its practice of lighting rejects any sterilising plenitude, any peremptory status, any definitive affirmation, but, on the contrary, manifests itself as a possibility of call and welcome, of attention and resonance. It engages in a quest for presence and a process of encounter, with the restraint that penetrates it and the openness that it implies. Thus, its dialogical virtue is of major importance. The exhibition is situated at the heart of this fertile and founding tension between the visible and the invisible, the finite and the infinite, the natural and the artificial, where all the potentialities of the place, in its various material registers, the parentheses of its functional levels and the meandering flavour of its poetic imperative, are sharpened and brought into play. It is undeniable that the source from which Michel Verjux draws the raw material with which he confronts himself, with an extreme inventiveness of repetition, is above all space. In this way, he goes towards the other, leads him to experience a context, to cross thresholds, to discover circulations, to experience the variety of agreements and polarities and to seize a sensory palette. It arouses the desire to go and see where everything begins and thus seeks to establish the chance of a face-to-face encounter. The work proceeds through a series of successive awakenings, between which there may be questions. Everything does not follow on from each other but appears in the addition of investigations and revelations. Unity depends on this movement which unravels, assembles and strengthens in a very free way the distinct contacts which are established with space and in a duration. The fact that this work is such a sign of recognition and exchange, that it is thus resolutely in the proximity of a link with what surrounds it, in the living transparency of a shared light, perhaps gives it an exemplary value, and in any case an emotion, a power of vibration that is stretched in order to better unfold itself.

Didier Arnaudet




œuvres exposées / exposed works

Pliée découpée, Sc. Dom. Grande, n°1
2019

Biographie / Biography

MICHEL VERJUX Michel Verjux est né en 1956 à Chalon-sur-Saône, en Bourgogne. Dans les années 70, il pratique le dessin, la poésie et le théâtre. Après des études à l’Université, puis à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Dijon (1977-1982) et une pratique de l’action et de la performance (1979-1983), il privilégie l’éclairage comme outil physique et convoque un langage visuel élémentaire, constitué de lumière projetée, dirigée, ajustée et focalisée. Ses œuvres ainsi propagent et ordonnent de la lumière dans un espace à occuper et à décrire, dans un temps donné et permettent de voir un certain nombre d’éléments qui composent l’environnement. Elles apparaissent d’abord comme des images ou formes géométriques inscrites dans les endroits investis mais s’imposent aussi comme les indices de l’idée, du lieu, du parcours, du langage et de la respiration de l’exposition. Pour Michel Verjux, éclairer c’est faire apparaître, passer de l’invisibilité à la visibilité, de l’anonymat à la particularité. C’est aussi amener le visiteur à jouer au jeu qu’il lui propose, voire à le solliciter sur le fait de savoir jusqu’où il peut ou veut jouer à ce jeu. Ce choix de l’éclairage, ne l’empêche pas de développer aussi différentes productions annexes et connexes (dessins, sculptures, textes). Michel Verjux est montré dans de nombreux musées et lieux d’exposition en France et à l’étranger. Il est présent dans de multiples collections privées et publiques. Il est aussi intervenu dans le cadre de nombreuses commandes publiques. Il est co-fondateur du Consortium de Dijon (1983). Le Centre d’Art du Château Chasse-Spleen accueillera du 4 mai au 1er octobre 2023 plusieurs projections dans ses espaces mais aussi des sculptures domestiques, des dessins et une œuvre conceptuelle. Ces œuvres « réduites au minimum, nécessaire et suffisant, sont tout autant événements, actes que signes ». Elles provoquent et interrogent nos sensibilités et nos perceptions, nos attentes et nos disponibilités, tout en nous incitant à faire l’expérience de notre présence en tant que visiteur et regardeur. Elles nous convient ainsi à prendre en compte toute la mesure et la singularité de « l’avantage de la clarté ». Commissaire : Didier Arnaudet

MICHEL VERJUX Michel Verjux was born in 1956 in Chalon-sur-Saône, Burgundy. In the 1970s, he practiced drawing, poetry and theatre. After studying at the University, then at the Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts in Dijon (1977-1982) and practising action and performance (1979-1983), he favoured lighting as a physical tool and summoned an elementary visual language, consisting of projected, directed, adjusted and focused light. His works thus propagate and order light in a space to be occupied and described, in a given time, and allow us to see a certain number of elements that make up the environment. They first appear as images or geometric forms inscribed in the places invested, but also impose themselves as clues to the idea, the place, the route, the language and the breathing of the exhibition. For Michel Verjux, lighting means making things appear, moving from invisibility to visibility, from anonymity to particularity. It is also about getting the visitor to play the game he is proposing, and even about asking him to know how far he can or wants to play this game. This choice of lighting does not prevent him from developing various related productions (drawings, sculptures, texts). Michel Verjux is shown in numerous museums and exhibition venues in France and abroad. He is present in many private and public collections. He has also been involved in numerous public commissions. He is co-founder of the Consortium de Dijon (1983). From 4 May to 1 October 2023, the Château Chasse-Spleen Art Centre will host several projections in its spaces, as well as domestic sculptures, drawings and a conceptual work. These works "reduced to the minimum, necessary and sufficient, are as much events, acts as signs". They provoke and question our sensibilities and perceptions, our expectations and our availability, while encouraging us to experience our presence as visitors and viewers. They invite us to take into account the full extent and singularity of the "advantage of clarity". Curator: Didier Arnaudet